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En 1975

La guerre
- Pour ce championnat 75, toujours patronné par l’Equipe et Zone 6 avec Chaligne aux commandes, les choses deviennent sérieuses et les team de plus en plus organisés. Il faut dire qu’en ce milieu des 70’s, les motos de tout terrain commencent à se vendre comme des petits pains et que les importateurs sont près à tout pour prendre des parts de marché. Le principal changement est la reprise de l’importation des KTM par Queirel qui va donc courir avec une 250 de la marque. Mathieu pilote également une KTM. Leur principal adversaire reste l’armada Ossa avec Samofal et Vernier. BPS reste fidèle à son trophée mais a engagé Figureau et Ramade en inter pour remplacer les frères Portal. Chez Monark il ne reste plus que Faucher. Frisquet, Huguet et Brunet étrennent des Maïco « 1ter cross », Bastide une Zündapp. Coutard a renoncé à l’enduro. Cette année verra la naissance d’un trophée 50cc patronné par la marque Rocvale.

La saison va commencer les 8 et 9 février là où la précédente s’était terminé, c’est à dire à Gaillefontaine, et dans les mêmes conditions boueuses. 260 partants, 26 finishers ! Certains n’iront pas bien loin comme Rayer qui crève après 5 km. Frisquet et Brunet cassent la boite de leur Maïco après 3 km. Huguet s’en prend une grosse en spéciale et doit se faire recoudre le genou. Queirel et Faucher chutent également en spéciale. Après le premier jour c’est Mathieu qui pointe en tête devant le crossman Michel Combes sur une 250 Montesa. Le deuxième jour l’hécatombe continue. Queirel chute à nouveau (trop puissante la 250 KTM ?), Mathieu est en panne d’allumage, Combes loupe un contrôle tampon (ah ces crossman !), Seuls trois pilotes passent dans les temps dont Faucher qui à des problèmes dans la deuxième spéciale. Les seuls à être épargnés (les mieux préparés ?) ce sont les Ossa Boys Vernier et Samofal qui finissent dans cet ordre devant Boyer (175 BPS) troisième.

Deuxième épreuve à Mussidan, même conditions aquatiques et même statistiques : 253 partants et 23 à l’arrivée. Les épargnés de Gaillefontaine plongent les premiers. Samofal casse sa fourche en spéciale. Vernier et Combes se noient dans le même trou d’eau. Queirel casse sa chaîne et prends 300 pts. Gag dans la spéciale du deuxième jour : elle croise une route et les pilotes doivent respecter ... un stop ! ! ! ! Fleurence (125 KTM) deuxième après le premier jour y casse sa chaîne et finira dixième. Queirel signe scratch sur scratch pour remonter à la cinquième place. C’est Faucher, déjà en tête après le premier jour, qui s’impose devant Huguet (revenu sur 250 KTM) et Mathieu sur la grosse 400 KTM.

Pour le troisième round, à Cholet, les pilotes retrouvent encore une fois un terrain plat, sans difficultés techniques mais gorgé d’eau. Une longue succession d’ornières pleines d’eau et de bourbiers. En plus, le départ est différé de 2 heures car Chaligne s’est perdu en faisant les temps. L’U.M. Choletaise a oublié de flécher certains secteurs ! ! ! Un parc coureur dans une prairie inondée et des vérifications techniques plutôt bordéliques achèvent le moral des participants. Un seul tour sera au programme mais 50% des participants ne verront pas l’arrivée de ce premier jour. Parmi eux Ramade et Figureau. Queirel, lui, a encore cassé sa chaîne en spéciale. C’est Vernier qui mène le bal devant Samofal. Beaucoup de petits pépins mais peu d’abandon en ce deuxième jour malgré les 3 tours. Seul Samofal doit renoncer : plus de dents sur le pignon de sortie de boîte. Queirel et Vernier réalisent le même temps à la seconde près dans les 2 spéciales. C’est donc Vernier qui s’impose devant Queirel et Faucher avec sa 125.

On retrouve l’Auvergne pour le 4ème round à Cros et un parcours technique, dur, sélectif Pourtant ... Déjà reporté une première fois à cause de la neige, il faillit l’être une deuxième : La neige obstruant encore de nombreux chemins à une semaine de l’épreuve. Heureusement un redoux providentiel rendra le terrain difficile mais praticable. La copieuse choucroute comprise dans l’engagement a fait beaucoup de mal à la réputation « écossaise » des auvergnats. Queirel fait le trou dès le premier jour en collant 15s par spéciale à Vernier. Le choix de la Super Pioneer au détriment de la Désert n’était-il pas le bon ? Derrière les deux cadors, on trouve toujours les mêmes : Samofal, Faucher, Mathieu, Boyer. Comme d’habitude le terrain auvergnat fait sa sélection à l’usure et le second jour, hommes et machines souffrent. Mathieu et Figureau prennent du retard et Faucher se retire. Quant à Vernier il nous invente la recette de la salade de pignons à l’Espagnole. Queirel facile vainqueur devant Samofal et Boyer prends la tête du championnat. A noter la onzième place du pourtant malchanceux Serge Vistorky sur la nouvelle 125 Portal.

La cinquième épreuve du championnat inter se déroulera dans le cadre de la manche française du championnat d’Europe à Brioude. La première jamais organisée en France et qui vous sera racontée dans l’histoire du championnat d’Europe. Vernier (8ème en 250) s’impose devant Queirel (10ème 250) et l’organisateur de l’épreuve : Jean Louis Figureau (6ème 125).

Le majestueux massif de l’Audibergue accueille la manche suivante sous la houlette de l’A.S.M. Grasse. Un bel enduro, mais il faut aimer les rochers et la caillasse. La longue spéciale sur une piste de ski ne fit, par contre, pas l’unanimité car jugé peu sélective et dangereuse. A la fin de la première journée, c’est Vernier qui mène de peu devant Queirel malgré une chute monumentale de celui-ci en spéciale. Mais en soirée on apprend que plusieurs propriétaires s’étant plaint de pilotes ayant coupé à travers leurs cultures, l’organisateur décide d’exclure purement et simplement les coupables identifiés. Parmi eux : Queirel. La sanction sera ensuite ramenée à 300 pts de pénalités et 50F d’amende. Queirel qui estime que ce n’est pas dix mais au moins cent pilotes qu’il aurait fallut exclure pour ce qui n’est pas une coupe mais une petite « levrette » permettant d’éviter un bourbier comme le font tous les enduristes, refuse de prendre le départ du second jour. Les organisateurs, qui doivent ménager les propriétaires dans cette zone sensible, ont voulu faire un exemple. L’ont-il fait avec discernement ? Ce sera malgré tout une 250 KTM qui remportera cette épreuve. Huguet, déchaîné sur ces spéciales rapides, refait son retard sur Vernier et gagne. Samofal est troisième.

Septième manche : retour en Auvergne pour la classique de Super Lioran. C’est sous un chaud soleil estival que Queirel rentre au parc une superbe 175 KTM « Andrioletti réplica » qu’il a préféré à la 250 avec laquelle il ne se sentait pas à l’aise depuis le début. Devant les difficultés qui s’annoncent, comme la célèbre montée du « Puy Griou », Vernier, le leader du provisoire, a encore fait le choix de la Super Pioneer. Le soleil, la montagne en fleur, une organisation parfaite, c’est à un enduro de rêve que s’apprêtent à participer les concurrents. Queirel qui a retrouvé toutes ses sensations au guidon de la 175 domine largement le premier jour devant Vernier et Mathieu qui lui, n’est pas effrayé par la puissance démoniaque de sa 400. Huguet, qui a cassé son guidon, doit abandonner. Le dimanche matin une pluie battante a remplacé le soleil et on attaque à froid par le « Puy Griou » où les rochers, mis à nu, sont glissants comme des savonnettes. Malgré les pénalités qui vont tomber pour tout le monde sauf Queirel, le podium restera inchangé.

Encore la montagne pour l’avant dernière épreuve avec le Corbier. Pas de neige cette année mais un terrain bien détruit par des pluies récentes. Le contrôle technique fut plus que symbolique et on put voir la couleur de la moto de certains concurrents changer au fil des jours ! ! Malgré le temps clément, certains passages tel la montée de la Croix de Fer firent de nombreuses victimes chez les embrayages et les nombreux bouchons rendirent les temps très serrés. Coté machines, Faucher étrenne la nouvelle 125 KTM à moteur KTM et Denis Portal une 125 à frein à disque hydraulique à l’avant. Queirel fera une nouvelle démonstration devant les habitués Vernier et Samofal. Faucher, quatrième, démontre le potentiel de la nouvelle bombe de Mattighofen. On trouve ensuite le crossman Alain Francru (250 Ossa) auteurs de spéciales canons le second jour et la 125 Portal de Denis. L’autre frère Portal, Gilles, finissant 9ème avec la 175. Un mot sur les 50cc pour signaler la victoire d’un petit jeune sur Fantic : Yann Cadoret. Ce trophée reste mené par le vétéran Jean Pierre Edart qui a troqué son Fantic contre une Rocvale alors que son dauphin, le jeune Patrick Gervaise, à lui échangé son Monark contre le tout dernier Fantic RC. Faisons le point à la veille de la dernière épreuve qui doit se disputer le 1 novembre à Troyes, le fief de Queirel. Vernier compte 81 pts (3 victoires et 3 deuxièmes places). Queirel 78 pts (3 victoires, 1 deuxième, 1 troisième, 1 cinquième et 1 sixième place). On retient les 5 meilleurs résultats sur 9. Queirel doit donc impérativement gagner la dernière course. Sinon, quel que so it le résultat de Vernier, celui ci gagne. La stratégie de Seurat pour ce dernier round est donc simple. Il faut empêcher par tous les moyens Queirel de gagner. Il va donc convaincre Maïco France d’engager ses deux meilleurs crossman (Péan et Bacou) dans l’épreuve. De son coté il engage tous les crossman Ossa (Gilles et Alain Francru, Corroy, Titaire) et même le champion de France de motocross 125cc sur Kawasaki : Jean Paul Hypolite. Queirel lui est sur son terrain. L’ambiance est électrique, d’autant que le parcours est détrempé. Première spéciale : Queirel devant Vernier et Péan. Deuxième spéciale : Péan devant Queirel. Au cumul Queirel à 13 secondes d’avance sur Vernier. Péan, Samofal et Alain Francru suivent. Mais par leur inexpérience Péan et son équipe vont s’auto éliminer. En effet celui ci arrive au CH tige de frein cassé. Un mécano se précipite et la lui change : aide extérieure 300 pts ! Vernier a réalisé une course extraordinaire effectuant 2 spéciales roue avant crevé et réparant 2 fois dans les temps en pointant avec la moto démontée ! Le lendemain la pluie redouble et les temps A sont appliqués. Seul Queirel, Vernier et Péan passeront dans les temps. Péan dira que ça été un GP de cross de 7 heures ! Malheureusement cette superbe empoignade va être entachée d’un incident au deuxième tour. Alors que les inters arrivent au départ de ce qui est la première spéciale chronométré, le chronométreur est sans ses chronos qui ne sont pas revenu à temps du test d’accélération ! Une queue se forme au départ et les minutes tournent. Le chronométreur prends alors une décision ambiguë en annonçant verbalement à chaque concurrent sa neutralisation. Dans l’affolement général les pilotes ne savent pas si cette neutralisation (différente pour chacun) doit être rattrapée ou ajoutée à l’heure idéale. Queirel, neutralisé de 7 mn, a ensuite pointé à chaque CH avec 7 mn de retard. Il a appliqué le règlement qui est sans ambiguïté sur ce point. Vernier et tous les autres ont, au contraire, rattrapé leur heure idéale, s’épuisant dans cet exercice à cause des temps serrés. Péan fait un festival en spéciale mais avec ses pénalités il n’est pas dans la course pour la victoire. C’est Vernier qui remporte le second jour (malgré 2 spéciales encore effectuées à plat !) mais au cumul des 2 jours Queirel garde 6 secondes d’avance. Seurat boycotte la remise des prix et porte réclamation pour non-conformité de la procédure de neutralisation et demande l’annulation de l’épreuve. Il sera débouté par la commission et Queirel sera titré. Désormais ce sera la guerre ouverte entre Seurat et KTM et ça va durer un moment ! Chez les nationaux, victoire de Michel Samofal sur Ossa devant Daniel Delavault qui a troqué à mi-championnat sa 360 Bultaco Frontera contre une 175 BPS et José Barbara (175 BPS). Là aussi tout c’est joué lors de la dernière manche.

Article du site : http://enduretro.free.fr/
Tag(s) : #Historique enduro
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